Compte rendu de ma course aux championnats du monde de VTT marathon à Laissac dimanche dernier.

En effet, après une 5ième place à une manche UCI marathon series au Portugal en mai, j’avais normalement validé les critères de sélection pour les championnats du monde de la discipline qui avaient lieu cette année en France.
Et c’est donc début juin que je reçois le mail officiel de la FFC m’annonçant ma sélection en équipe de France pour cette compétition. 10 jours plus tard je reçois chez moi la tenue Equipe de France. La pression monte d’un coup. Car si je me suis lancée dans cette qualification presque malgré moi, là maintenant avec la tenue je prends conscience de ce qui m’attend. Et j’ai peur de ne pas être à la hauteur de l’évènement !

Même si j’essaie de me préparer et d’envisager la course comme un marathon « classique », dès le samedi et le retrait des dossards l’ambiance est très différente. Tenues nationales de tous les pays omniprésentes ( même si les pays européens sont bien sur majoritaires, il y a un contingent important d’australiennes, et je vois une Equatorienne, une brésilienne ou une représentante de la Nouvelle Zélande) . Au retrait des dossards, les commissaires sont anglophones, il faut montrer sa tenue ( maillot + cuissard) sur laquelle les emplacements des sponsors sont minutieusement mesurés ( il y a une taille règlementaire !!) il faut ensuite donner le lieu de son hébergement ( pour un éventuel contrôle antidopage le matin de la course), bref nous sommes bien aux championnats du monde.

Dimanche matin, c’est le grand jour. Echauffement matinal, au milieu des stars mondiales du VTT. En effet, quelques prétendantes au titre olympique sont venues se tester, en particulier la suissesse Jolanda Neff (en tête de la Coupe du Monde) ou la danoise Annika Langvad. Je suis très stressée, avec l’impression d’avoir du mal à respirer. La mise en grille avec l’annonce une par une des 30 meilleures mondiales, avec leur palmarès ne m’aide pas non plus ! Ironie du sort, les 2 meilleures mondiales partent derrière moi, n’ayant pas de point UCI marathon !!

Une fois le départ donné, le stress s’envole, je rentre dans ma course. Et je me rends compte de suite que j’ai de bonnes jambes, je me sens super bien, concentrée. Ca roule vite sur les premiers hectomètres, et c’est en gros peloton qu’on attaque la première montée. Ca s’étire rapidement et je trouve ma place derrière une allemande. Je sens que nous allons pouvoir rouler ensemble. Malheureusement à l’attaque de la 1iere descente, très raide, je n’ai plus de frein avant, le levier de frein vient m’écraser les doigts contre le cintre sans aucun freinage. Ce sera un tout droit et une chute sans gravité dans la boue pour moi, mais je perds du coup la roue de l’allemande. Je repars vite et commence à me maudire !!! Le week end précèdent j’avais déjà subi par moment cette perte de freinage mais je n’ai pas pris le temps de faire purger mes freins dans la semaine, me disant que ca allait bien passer. Je reprends mon rythme dans la deuxième ascension rendue technique par de la boue et de grosses ravines, je ferai un passage a pied. Deuxième descente, et re perte de frein avant, sauf que cette fois la chute sera beaucoup plus violente et je me ferai très peur !!! Heureusement les arbres amortissent la chute mais je suis un peu sonnée. Je repars prudemment cette fois, et je me rends alors compte qu’il va falloir que je fasse toutes les descentes en dedans si je ne veux pas risquer gros. C’est dommage, car en marathon les descentes sont plutôt mon point fort.

Je suis malgré tout toujours pas très loin d’un groupe de 3 coureuses, l’allemande, une australienne et une portugaise, que j’aperçois dans les montées. C’est déjà la 1ière zone technique, surpeuplée beaucoup de monde, beaucoup de cris, j’ai du mal à voir mes soutiens. Pas grave, je n’ai besoin de rien, ayant décidée de partir avec un camel (et oui, honte à moi j’étais la seule…) et de ne m’arrêter qu’une fois à l’avant dernière zone pour le remplir.

La suite de la course sera un pur régal. Le parcours déjà, succession de montées raides, techniques mais passables à vélo ( a part quelques petites portions à pied quand même), et de descentes ludiques, parfois aménagées mais qui sont super fluides, et qui donnent le sourire . Et les spectateurs. Tout au long de la semaine, j’avais essayé de me persuader que c’était une course comme une autre, mais non, ce n’est pas une course comme les autres et le nombre de spectateurs le long des 70 km du parcours a été impressionnant ! Je ne pensais pas cela possible. Les encouragements incroyables dispensés (en particulier à la vue du maillot français) m’ont donné des frissons à plusieurs moments, c’était fantastique. Les zones techniques défilent, les km aussi et je suis toujours à environ 1 minute du groupe de devant, l’écart à mon grand désespoir restant stable. Je double une concurrente polonaise, mais c’est tout. Je reviens à un moment sur Annika Langvad, arrêtée par un énième pb mécanique , elle repart avec moi, nous échangerons quelques mots ( j’avoue que je n’ai pas tout compris, mon anglais n’étant pas à la hauteur surtout en plein effort ) mais elle s’envole rapidement ( chapeau bas à elle, elle finira 9 ieme !!!).
Finalement au bout de 3h30 de course j’arrive enfin a rattraper d’abord l’australienne, que je double immédiatement, puis la portugaise qui elle s’accrochera un moment à ma roue. Et là je comprends que je ne pourrai pas m’arrêter comme prévu pour remplir mon camel. Je gère cette course comme un XC, je suis depuis le début à la bagarre et je ne compte pas laisser ma place ! Je n’ai plus beaucoup d’eau, et à l’avant dernière zone technique j’espère crier à mon team manager de me préparer un bidon pour la dernière zone. Mais une fois dans la zone, je ne vois personne… Bon je ne m’affole pas, économise du coup un peu l’eau et continue à me battre. Surprise, peu après je double la française Muriel Bouhet, 2 ieme il y a quelques jours au championnat de France marathon… Là je me dis elle doit avoir un problème technique… Et juste un peu plus loin je tombe sur Sandrine Ponsard, autre française, meilleure que moi jusqu’à présent. Je commence à me dire que je fais peut être une course correcte, que mes bonnes sensations sont bien réelles. Nous arrivons au pied de la dernière grosse difficulté ensemble. Une montée de plus de 20 minutes nous attend, Sandrine accélère un tout petit peu dès le pied, et je ne peux pas la suivre. Je ne m’écroule pas, mais commence à accuser le coup. C’est dur. Un supporter m’annonce qu’il y a 3 filles juste devant et qu’elles sont cuites !! Mais je suis tout aussi cuite qu’elles Je serre les dents, le soleil commence à taper, je n’ai plus d’eau et je sais que les derniers 15 km même s’ils semblent descendants sur le profil comportent de nombreux coups de cul, pas longs mais très raides et qu’il faut donc garder des forces. Enfin le sommet, toujours sous des encouragements fournis (cloches, et même ola donnent du baume au cœur ), et après un dernier single technique, une petite descente bienvenue m’amène à la dernière zone technique. Et merci, mon team manager m’attend avec un bidon !!! Ouf de soulagement, je lui jette mon bidon/boite a outil et attrape de quoi finir la course.

Maintenant il s’agit de garder ma place, je sais que je ne reviendrai pas. L’alternance de descentes très boueuses sur cette fin de course / raidards prononcés me met à rude épreuve, un début de crampe apparait au niveau du vaste interne droit, il faut tenir. Les meilleurs hommes me doublent, c’est l’occasion de voir la différence de niveau entre nous…. et ca me permet de suivre la course homme en direct ! Enfin la dernière descente, ensuite il y a 4/5 km de faux plat pour rejoindre Laissac. C’est le soulagement, la course est finie et j’ai tenu jusqu’au bout, en me faisant plaisir. Le passage de la ligne d’arrivée n’est que l’ « apothéose » de cette journée, acclamations de la foule, petite interview par Eric Davaine, puis premières photos et signature d’autographes à des enfants !!!!! (ben oui, le maillot Equipe de France ca impressionne). Je recevrais plein de félicitations de spectateurs après la ligne qui font vraiment chaud au cœur.

Après il faut relativiser, j’ai bien conscience de n’avoir rien fait d’exceptionnel, je finis 39 ieme sur 55 partantes, mais j’ai vécu cette course sur un nuage, dans une ambiance qui sortait vraiment de l’ordinaire et ca me laisse de très belles émotions. Je suis heureuse aussi d’avoir fait mon maximum sous ce beau maillot français et d’avoir pu toucher du doigt (de loin c’est vrai) ce qu’est le haut niveau. Maintenant c’est clair que ca donne envie de recommencer !

Bravo LAURENCE !

Une super expérience et une belle course sur 1 frein

et merci pour ce beau compte rendu !

Classement : www.roclaissagais.com/wp-content/uploads.../Marathon-femmes.pdf

Photos : promopub.phot-online.fr/album/94203/035-a-044

Salut Laurence !
Bravo pour ta course, et bravo pour tout le travail qui t'y a amené !!
Ca fait rêver en tout cas...
A bientôt,
François.

Salut Laurence,,

Bravo d'avoir porté le maillot de l'équipe de France et d"y avoir fait honneur.Tu peux être fière de toi et en tout cas cela mérite le respect.